Étudiants africains en France : ce qui va changer
Lumen Media Group, 24 novembre 2018
Édouard Philippe, le Premier ministre français, a beau citer Alain Mabanckou, l’écrivain congolais, en ouverture de son discours pour le lancement de la « stratégie nationale d’attractivité des étudiants internationaux », ce lundi 19 novembre, à l’occasion des Rencontres universitaires de la francophonie, les étudiants africains n’auront pas de traitement de faveur. Bien au contraire.
Hausse des frais d’inscription dès 2019
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a attendu la fin de son discours pour aborder cette question-clé du financement des études. Les droits d’inscription dans les universités françaises pour les étudiants non européens vont augmenter, là où ils paient aujourd’hui les frais d’inscription classiques de quelques centaines d’euros, 170 euros pour la licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat – la nouvelle stratégie dite « différenciée » prévoit qu’une partie d’entre eux paient des frais d’inscription plus élevés (de l’ordre d’un tiers du coût réel). Par exemple, les futurs étudiants africains auront désormais à payer 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat. En effet, le ministère de l’Enseignement supérieur estime le coût des formations universitaires à 9 660 euros en moyenne par an. Du côté français, les calculs sont faits : faire payer aux étudiants extracommunautaires le coût complet de leur cursus rapporterait 4 milliards d’euros, selon le FCE.
Du côté des étudiants africains, tout cela n’est pas pour rassurer, surtout que les conditions de vie sont déjà difficiles pour nombre d’entre eux. Pamela Moore, une doctorante venue du Nigeria, rencontrée ce matin au Cenquatre, où se déroulent les Rencontres universitaires de la francophonie, nous confie ses craintes quant à son avenir. Arrivée en France pour des études en linguistique, master suivi d’un doctorat, elle n’a bénéficié d’aucune prise en charge particulière. Elle a dû solliciter chaque année le renouvellement de son titre de séjour avec la crainte de devoir quitter le territoire avant chaque rentrée scolaire, sans compter le coût du logement, qu’avec une maigre bourse elle paie 317 euros. Elle a même dû retourner dans son pays une année, faute de logement. « Sur le papier, nous avons des bourses, mais elles ne sont pas toujours payées à temps. » (…)
Source : Le Point Afrique
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