La Belgique rouvre son musée de l’Afrique, hanté par le colonialisme
Lumen Media Group, 11 décembre 2018
Le grand musée belge consacré à l’Afrique a été inauguré le 08 décembre après une vaste rénovation pour gommer sa réputation de vestige du passé colonial, un événement qui survient en pleine controverse sur la restitution de biens culturels africains pillés ou acquis à bas prix.
Lors de l’inauguration, à la veille de la réouverture au public le 09 décembre, le vice-Premier ministre belge Alexander De Croo a salué « un moment historique ». Cette transformation du musée de Tervuren, dans le sud de Bruxelles, ouvre, a-t-il dit, « un nouveau chapitre » dans la relation belgo-africaine, entachée par une longue période de colonisation en Afrique centrale décrite comme « brutale » par les historiens.
Outre le Congo (l’actuelle République démocratique du Congo, RDC), l’empire colonial belge comprenait également en Afrique le Ruanda-Urundi, territoire qui deviendra le Rwanda et le Burundi après l’indépendance.
À Tervuren, où l’exposition permanente n’avait quasiment pas évolué depuis les années 1950, le musée rénové revendique désormais « un regard critique » sur ce passé, et l’histoire des objets collectés sous Léopold II, qui a régné sur la Belgique de 1865 à 1909 et a longtemps géré le Congo comme sa propriété privée. « On nous appelait souvent le dernier musée colonial au monde, donc on a voulu changer cela », a souligné le directeur général Guido Gryseels.
Résultat : certaines statues jugées caricaturales ou glorifiant trop les colons belges ont été remises à l’écart, au sous-sol du musée. Et il est prévu, selon Guido Gryseels, d’expliquer pourquoi on ne les met plus à l’honneur.
« La restitution ne doit plus être un tabou »
Dans ce lot figure la statue effrayante de l’homme-léopard, popularisée par Hergé dans « Tintin au Congo », une image qui a été accusée de ridiculiser les Africains. Le musée a conservé ses millions de spécimens zoologiques, mais élargi ses horizons en ouvrant des salles dédiées aux paysages, aux minéraux ou aux langues et musiques d’Afrique (…)
Source : Jeune Afrique
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